Richard Ste-Marie Entrevue maison |
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Je travaille sans plan, d’où la difficulté de construire une histoire qui se tient sur trois cents et quelques pages. Mais, après cinq romans et une douzaine de nouvelles publiées, j’ai constaté que j’avais créé sans préméditation des petits mondes distincts qui, à y regarder de plus près, pourraient former un ensemble logique pour peu que je consolide les liens entre ces parties. Autrement dit, ces histoires séparées se recoupaient de manière naturelle sans faire trop d’acrobaties dans le temps; il s’agissait de les réunir et de m’en inspirer pour inventer une plus grande histoire où cohabiteraient la plupart de mes personnages récurrents. J’ai souvent dit que les nouvelles étaient une sorte de laboratoire d’écriture. C’est bien vrai. Le plus difficile a été d’adapter le ton original d’écriture de chacune de ces aventures à celui de l’histoire finale qui les unifiait.
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Le ton justement beaucoup plus agressif est à mille lieues du charme, de la sensibilité et de l’humanité pour les criminels auxquels vous nous avez habitués avec votre sergent-détective Pagliaro, vous étiez tanné de mettre en scène un « simple bon gars »? |
Non. J’avais en tête une ambiance glauque et j’avais envie d’un personnage qui se démène tout seul avec une douleur qu’il ne s’explique pas.
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Quand j’étais adolescent, je voulais devenir psychiatre. Dans ma jeunesse, je me suis intéressé à Freud, à Jung, à Ferenczi, à Mélanie Klein. Plus tard à Françoise Dolto, Edward Hall, Laborit. Vous voyez un peu. Mais, je suis devenu artiste, ce qui n’est pas plus mal. Je suppose que mes lectures de jeunesse ont déteint sur moi.
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Le roman établit un lien avec l’univers des nouvelles que vous avez publiées dans la revue Alibis, les quartiers durs de la ville de Québec, avec sa faune particulière, ses drames du quotidien et les lourds secrets insoupçonnés qui hantent ceux qui les portent. C’est un univers que vous aviez envie de revisiter? Il y a là une certaine forme d’hommage, non ? |
Un hommage ? Certainement.
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Justement, vous faites référence à une necdote particulière concernant des traces de pas dans la neige qui mènent au fleuve sans en revenir. C’est un de ces cas de vols non ? |
L’histoire des traces de pas dans la neige me vient de mon ami Jean-Pierre Guay qui, un soir, avait suivi ces pas dans le stationnement du Vieux-port, en attendant que débute une conférence au Musée de la civilisation. Les traces frêles menaient au fleuve. Aller. Sans retour. Une jeune fille avait abandonné son sac à dos au bord du quai et avait disparu. Quelques mois plus tard, la police annonçait à Jean-Pierre que le corps de la jeune fille avait été retrouvé sur une plage du Bic.
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La musique est encore présente (bien que plus subtilement que dans Le Blues des sacrifiés). Quelle image évoque le titre pour vous ? (Ce fils pas forcément mauvais, mais un peu amer d’avoir déçu sa mère ou est-ce un peu lui-même, et la clarinette, un instrument assez symbolique pour lui) |
J’ai étudié la clarinette au Conservatoire de musique de Québec de 1956 à 1960. J’ai gagné ma vie (et payé mes études aux beaux-arts) en jouant du saxophone dans des bars et des salles de danse partout au Québec de 1963 à 1971. J’ai joué avec la Fanfafonie de 1980 à 1984, année où j’ai participé à la première tournée du Cirque du Soleil. J’ai animé des émissions à CKRL pendant quatre ans dans lesquelles la musique que j’aime prenait beaucoup de place. C’est dire comme la musique est présente dans ma vie. Je n’en joue plus, mais j’en écoute maintenant.
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Le clergé catholique en prend pour son rhume. Les Québécois ont un rapport particulier avec l’Église depuis les années 60, entre autres choses à cause des abus et des injustices commises par certains de ces membres. C’était pour vous une façon de prendre position ? Un sujet qui vous révolte particulièrement ? (les scènes sont pas mal trash) |
Je suis témoin, comme beaucoup de gens, des malversations du clergé. Des crimes commis envers la jeunesse. Contre l’enfance.
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