Michel Pelchat
Entre l'arbre et l'écorce (no. 2)
Acrylique, fusain et pastel sur papier, 65 cm x 50 cm, 1997



Au début des années 90, j'ai réalisé des oeuvres qui possèdent en commun avec celles d'aujourd'hui le spectacle d'une lutte. D'une part, celle que mènent les individus incarcérés pour leurs opinions politiques dans les goulags de l'ancienne U.R.S.S. (1991-1995); d'autre part, le combat de la matière qui naît et qui tente de se définir entre le blanc et le noir, le jour et les ténèbres (1995-1998) ...

D'un point de vue technique, les premières étaient réalisées avec de la peinture appliquée en couches épaisses sur support rigide, ainsi qu'avec des papiers collés provenant de journaux, de carnets à dessin et d'anciens catéchismes. Ces pièces possèdent certaines analogies avec les récentes séries de dessins par l'emploi d'empreintes facilement identifiables dans la matière peinte la plupart du temps en monochrome.

Les premières séries de dessins, apparues en 1995, constituent une sorte d'investigation de l'acte de peindre et de dessiner. Par exemple,
« Trente-deux jours en juillet » est composée de 32 petits dessins formant une sorte de calendrier où on trouve des fragments de papier journal, quelques signes inscrits en noir et des masses de peinture laiteuse. Ces petites pièces se veulent un commentaire sur l'actualité ainsi que l'expression de mes propres états intérieurs.

« Tache originelle » (1996) est constituée d'une dizaine de pièces où une simple tache noire, ronde et ovoïde, subit différentes transformations. La forme se promène sur le papier. Elle grossit, double sa dimension et rencontre d'autres formes. Avec cette série, j'ai voulu évoquer l'état cellulaire des choses, les débuts de la materia.

Par la suite, j'ai poursuivi le travail avec d'autres séries intitulées « Traces et re-traces » (1997), « Entre l'arbre et l'écorce » (1997), « Pierres somnambules » (1997), et aussi plusieurs dessins qui ne s'inscrivent pas nécessairement dans des séries (1998). Ici, les rabattements et les estampillages ont pris davantage d'importance et ils créent des effets marqués de texture sur le papier. Les formes inscrivent alors la trace de leur passage. Cette facture, qui se veut quelque peu brutale, nous ramène au geste premier inscrit au plus profond de nos corps. Dans ces séries, ce n'est plus seulement l'état microscopique des choses et de la vie qui est suggéré, mais aussi celui de la nature entière.


Michel Pelchat (plan:15)
7, rue de St-Vallier Est #305
Québec (Québec) G1K 3N6
Tél.: (418) 527-7123


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